Jaunisse : la recherche avance et des solutions émergent !

Toute la filière tremble encore en se remémorant l’épisode de jaunisse de 2020 !

Avec l’obtention d’une dérogation temporaire pour l’utilisation des néonicotinoïdes, le secteur betteravier a démarré une véritable course contre la montre avec le déclenchement d’un Plan National de Recherche et Innovation (PNRI) qui vise à identifier d’ici 2023 des solutions opérationnelles alternatives aux néonicotinoïdes contre la jaunisse de la betterave sucrière.

« Producteurs, INRA, semenciers : tout le monde est autour de la table et les 23 projets de recherche couvrent à la fois la connaissance fondamentale sur les pucerons et les 3 virus qui provoquent la jaunisse, des tests en plein champs sur des fermes pilotes et la sélection génétique. C’est la force de ce PNRI ! » précise William Huet, Responsable agronomique.

63 fermes pilotes dont 17 sont sur des exploitations de coopérateurs de Cristal Union, permettent de tester les solutions envisagées à l’échelle de la culture. Pour être en conditions réelles de propagation de virus, la jaunisse a été inoculée manuellement sur 5 à 10 % des betteraves des champs concernés. L’objectif est de réussir à perturber, repousser ou se débarrasser des pucerons grâce à une série de solutions : bandes fleuries, plantes compagnes (avoine ou orge de printemps), épandage d’auxiliaires comme la coccinelle ou l’aphidius. « Pour le moment, nous constatons que ces solutions ont surtout un impact lorsqu’il y a déjà une forte pression de la part des pucerons. » constate Quentin Tilloy, Adjoint au Responsable agronomique. « Et en général, quand les pucerons sont installés, le virus est déjà bien présent, donc c’est un peu trop tard… »

Autre piste, prometteuse, la recherche sur la sélection variétale se poursuit avec des résultats très intéressants.

« Sur le plan de la génétique, nous avons une très bonne nouvelle : le gène résistant à la jaunisse a été identifié dans une variété de betterave ! Nous sommes donc confiants ! »

La variété résistante a ainsi pu être croisée avec des plantes plus productives pour concilier deux caractéristiques : productivité et résistance. Les toutes premières semences devraient être disponibles dès 2023 et nous pourrons compter sur 20 000 unités en 2024. Il faudra toutefois attendre quelques années avant d’atteindre les 500 000 unités de graines nécessaires en France. « Pour que la période de transition se passe au mieux, nous travaillons à des associations de solutions. » explique William Huet. Les solutions intermédiaires seront par exemple une association de plantes compagnes à l’épandage d’auxiliaires ou encore le mélange de graines productives et résistantes.

Enfin, le dernier pan du PNRI se concentre sur le passage à un modèle économique durable. « C’est bien de trouver des solutions, mais les solutions recommandées doivent être économiquement viables pour nos coopérateurs. » précise William Huet. La filière travaille ainsi en parallèle sur l’évaluation des coûts des différentes solutions et sur un système assuranciel pour accompagner la période de transition.

« Le fonctionnement de ce PNRI est vraiment exceptionnel en France : il permet d’explorer en parallèle toutes les solutions envisagées ! Cette dynamique, ainsi que les connaissances acquises, serviront aussi à d’autres problématiques que nous ne perdons pas de vue comme celle du charançon. » conclut William Huet